

site officiel de la soirée Mot De Passe et du Triumvirat
votre soirée littéraire
Mot de passe
WHO ?
knows
maintenant de façon évènementielle
Dieu, l'Humain et le Malin, sans ardeur ingrate,
Triumvirat et compagnie, de chaque strate,
Muse on veut faire sans mais le reste on y rate,
Nous t'invitons, viens donc ! Poésie scélérate.
rodney noël raphaël de gaspard carl bessette
La poésie ne veut pas exactement laisser de traces ; elle vous force au bond : d'abord.
Vous ne vous attendiez pas à l'insaisissable: vous voilà servi. D'un temps à l'issue incertaine, qu'elle surgisse à gauche, elle est fructueuse, à droite, et c'est la sècheresse - à moins que ce ne soit l'inverse.
Avec elle le poëme comme poulain de pure sève, la poésie est chez elle, c'est-à-dire chez vous, et en fait un peu partout - ou bien précisément l'inverse.
Là, par exemple, prise au piège,
(et quoi de plus mal-à-droit qu'un poëme?) la poésie est à emporter: en éclats d'amour, de raisons, d'irraison, de rage (calmes sous leurs dents fauves); dans tout cela, je me suis quelque peu égaré. Ainsi, qu'est-ce ?
De la poésie, tout simplement.
Et c'est encor la meilleure manière que nous connaissions pour prévenir la fin du monde, vaincre la mort quotidienne et l'irrémédiable de la solitude.
Quelques extraits:
(SANS TITRE)
ARTÉMIDE
J’ai écrit hier soir pour ce soir
Pour vous dire que ce soir n’est pas n’importe lequel
Ce soir où les mots passent
Au Take out, à l’emportée
N’importe lesquels du moment qu’on y croit
J’ai écrit hier soir à la suite de tous les autres
Avec l’espoir pour maîtresse et des cauchemars d’allégresse
J’ai écrit hier soir en nous sentant déjà là
Au fond de ce terrier publique
À l’heure d’un monde privé de place
Où c’est à présent sous la terre qu’il fait clair
Sous la terre que nous parvenons à sentir le ciel
J’ai écrit hier soir de ma main pour le crier ce soir
Où nous serons peut-être trois ou quatre ou cent mémoires
L’air de rien, remplis d’air à souffler sur le fleuve
Pour qu’il retourne là d’où il vient
Et qu’avec lui la mer recouvre le futur du nouveau monde
Et ne laisse flotter que ce qui est venu au nom de ce qui vient
Pour enfin partager l’avec du monde nouveau
J’ai écrit hier soir
Sans autre histoire que celle qui me lie à hier et à demain
Pour vous dire ce soir : nous sommes bienvenus chez nous!
COMBIEN
RAPHAËL GASPARD
Égratigne moi encore le mot pas dit elle coule creux la fenêtre pluie détache du verre une goutte sur beaucoup d’envie petits morceaux boutons d’eau dans le parc.
Aujourd’hui deux épluche trois pigeons suspend quatre surprend encore le matin triture rêve qu’elle a fait un peu de radio hier nuit ne connaît rien musique n’est pas il parle du mouvement elle sait que personne regarde alors chuchote la noche comme le jazz musique du moment, et bien c’est elle qui la fait danser.
Mais tout ça n’est pas de la musique une fois la nuit l’oreille dans un bruit d’instruments une croûte de lumières la ville dit rien coupe en deux le soir.
Pianissimo désir avec grand orchestre pour plus jamais demi matin. Que l’hiver en carcasse ne s’arrête jamais et je pourrai venir te voir dans le parc cinq pigeons un peu trop s’allonge un café emporte du vent dans tes cheveux six chevaux débiles y tournent en rond que tu feras taire.
Place acouphène on revient tout mouillé d’une pause dans le silence tes bras coquillages sonores que sont tes seins reflux où le voyage s’arrête le sable aux plantations ta voie texture les alizés est un pays bave d’écume pulpe et miroir d’astres le jour.
Là-bas ce n’est plus si loin.
C’est tout.
Et il fait toujours froid.
PO_AIME #13
ELKAHNA TALBI
CADILLAC MOON (extraits)
ROBBERT FORTIN
(à la mémoire de Jean-Michel Basquiat)
Comprendre commence par la couleur Black
ce corps noir enduit de plumes et de goudron
fers ou coton que préfères-tu
as a result of inachevé
choisis quand même ta croix
la vie ne peut pas s’arrêter à périssable
déclare que tu es mort
que l’Afrique succède à Guernica
Kill lies all
tu pourras accomplir
ce que l’enfant a creusé
comme lumière sur tes paumes
rien ne t’oblige à l’ombre ou au péril
nothing to be gained here
à ta nuit ajoute cendres sur tes vêtements
fourrure d’hermine sur tes épaules
toutes les dix secondes trace sur ta toile
un large cercle noir la terre
bague de pastel gras
pétrie par le soleil
tes plus beaux gestes auront vécu
pour ce qui reste en nous d’humain
on croira qu’un hymne a traversé nos yeux
que peindre
comment faire émerger le feu
nommer la liberté
assassiner la peinture
à partir d’une grammaire d’esclave
et d’une couronne d’or dans une ruelle
SAMO c’est bruyant comme la mort
Gray comme le plomb sur White Street
ça tournoie sur le mur comme un crachat
contre le monde de l’art qui a perdu tout sens
SAMO c’est un tag fixe sans domicile
un blues qui sent le cuir et l’huile
un jazz métallique comme l’odeur de la coke
une alternative à Dieu au SAMe Old shit
un poing tam-tam dans un halo de lait
[…]
show us ce regard qui ne supporte pas
le pollen de la lumière
devant une porte de réfrigérateur
show us Dizzy Miles
et la plaie secrète de la musique
show us Ali Sugar Ray
les coups ça oblige à serer les dents
devant quelque chose qui tombe
show us Joe Louis entouré de serpents
Aaron comme icône d’une jeunesse
à court d’arguments
coupe-toi la langue et peins
l’arc-en-ciel dans des désordres d’enfance
[…]
show us black
no matter how you say it
no matter how you write it
black is a poet on cloud nine
mais nous ne survivrons pas à la cure
show us black
no matter how you paint it
copyright est un tableau créole
vivant comme a Dark Race Horse
dans la beauté de la nuit
[...]
2 - Apollinaire
3 - Char
4 - Thomas
5 - Hugo
6 - Rimbaud
7 - Michaux
8 - Maïakovski
9 - Hölderlin
10 - Davertige
11 - Nietzsche
12 - Robbert Fortin
13 - Saint-John Perse
14 - Lautréamont
15 - Paul Celan
17 - Beaudelaire
19 - ...
1) L’Archie est la radicalisation, voir même le dépassement, de l’anarchie. Il ne s’agit plus de nier l’autorité et donc de s’en déposséder, il s’agit au contraire de la questionner afin de se la réapproprier : afin que le pouvoir du commencement qui est également le commencement du pouvoir, bien loin d’être la propriété d’un seul ou de quelques-uns comme le voudrait la monarchie ou l’oligarchie, habite chacun de nous; afin qu’ainsi, ensemble, nous puissions re-commencer à être humain.
2) Si nous voulons encore et toujours changer le monde, c’est d’abord pour le garder. Si l’Archie est donc un commencement, elle est surtout un recommencement : entretien de ce qui doit revenir pour pouvoir devenir, entretien de ce qui vient, tout simplement, c’est-à-dire de l’histoire qui s’impose aujourd’hui comme notre ultime absolu.
3) Ce n’est plus en effet la providence divine, mais la contingence de ce qui vient – puisque ce qui est venu jusqu’ici aurait très bien pu ne pas venir – qui doit permettre de renforcer notre responsabilité à l’égard de ce monde de plus en plus fragilisé, privé de générosité, par l’annihilation capitaliste de notre double solidarité, envers le vivant et envers l’histoire, qui est à la fois à la racine de la liberté et le premier fondement de l’égalité humaine.
4) Ainsi envisagée comme cette double condition de possibilité de la liberté et de l’égalité et, par ce biais, du souverainisme et du communisme en tant qu’ils ne peuvent donc être dissociés l’un de l’autre à moins de sombrer dans le fascisme, l’Archie est l’ancêtre de l’anarchie, son accomplissement archaïque. Et c’est alors l’« autarchie » qui constitue son premier support : la possibilité d’être à soi-même son propre commencement en tant qu’elle ne peut être vécue individuellement qu’à la condition préalable de s’actualiser collectivement, c’est-à-dire l’origine de la liberté en tant qu’elle est toujours d’abord et avant tout partagée.
5) Cette égalité dans le partage (à ne pas confondre avec l’égalité du partage) ou cette liberté collective (dont dépend la liberté individuelle) que constitue l’autarchie sous la forme d’une actualisation particulière de cette solidarité universelle de l’humain envers le vivant et l’histoire, nous pensons que c’est la culture qui l’exprime le plus concrètement. Et c’est alors dans cette mesure où elle est la condition essentielle de l’expérience humaine de l’universalité, que nous encourageons désormais cette solidarité culturelle à s’élargir entre les cultures elles-mêmes. Et cela, afin que ces dernières se protégent et se renforcent réciproquement dans leur originalité qui fonde leur propre raison d’être, en même temps que celle que nous acquérons individuellement grâce à cette expérience de l’universalité qu’elles nous permettent d’effectuer.
6) Cette solidarité entre les cultures – dont dépend dorénavant la possibilité de cultiver notre enracinement dans notre propre culture, et donc dans le monde – ne peut se réaliser qu’au travers d’une mondialisation politique, à l’encontre de la globalisation économique qui exploite l’idéal d’« autonomie » (dont nous parlons tant aujourd’hui) au profit d’une « judiciarisation » purement formelle et autoréférentielle garantissant d’une part la toute puissance exponentielle du capital et, d’autre part, la perte tout aussi exponentielle de l’expérience du monde.
7) Nous devons instituer le monde afin qu’il puisse prendre soin de la diversité culturelle des langues et des pays qui fonde leur propre vitalité grâce à laquelle nos familles et nos amis sont en mesure de prendre soin de notre propre personne, alors même que c’est en retour en prenant soin de nos familles et de nos amis qu’ils seront eux-mêmes en mesure de prendre soin de cette vitalité des langues et des pays dont dépend la possibilité d’instituer le monde afin de pouvoir en prendre soin. Et ceci, parce que toute médiation sociale et culturelle (depuis la famille jusqu’au pays), toute autarchie, est effectivement le foyer déterminant de ce qu’elle relie, parce que c’est donc de son renforcement que dépend l’épanouissement du monde en général en tant qu’il est alors tout autant celui des individus particuliers qui le constituent.
8) Pour parvenir à cette mondialisation politique saisie comme renforcement des cultures dans leur rapport à l’universel, pour actualiser l’Archie grâce à la concrétisation de l’autarchie, il est plus qu’urgent de re-localiser l’activité économique, en commençant par supprimer le « libre échange » et son processus de « développement » capitaliste qui substitue partout la misère matérielle et spirituelle à la pauvreté matérielle qui, jusqu’ici, n’avait jamais été à l’encontre de la richesse spirituelle, bien au contraire. Et c’est donc également cela que signifie l’autarchie : la volonté de soumettre les échanges économiques à leur utilité réelle, qui devrait alors mettre en évidence non seulement leur inutilité croissante – sans parler de la menace également croissante qu’ils représentent pour la vie sur terre – mais également la dignité que procure le fait de subvenir par ses propres moyens à l’essentiel de ses besoins.
9) Ce n’est que lorsqu’on se suffit à soi-même dans son propre monde qu’on peut prendre soin du Monde, et ce n’est qu’en prenant soin du Monde qu’on peut parvenir à se suffire à soi-même dans son propre monde : soyons mondialement autarchistes, ne serait-ce que pour que le monde persiste!
En direction de l’autarchie…
L’Archie est la possibilité générale d’un monde comme « générosité souveraine » accueillant en son sein l’autarchie comme possibilité particulière pour l’humain (aussi bien comme individu que comme collectivité) d’être à lui-même son propre commencement en même temps que le recommencement de l’être dont il participe. À l’encontre de toute « nécessité » qui prétendrait s’imposer naturellement, il est donc primordial de souligner qu’il s’agit effectivement là d’une seule et même « possibilité » : celle de la liberté humaine en tant qu’elle relève d’abord et avant tout de la responsabilité à l’égard de l’être ou, plus simplement, la libre responsabilité d’être humain.
Voici donc plus concrètement comment nous la vivons aujourd’hui, là où nous sommes, et si cela peut se présenter comme un modèle, c’est le seul que nous sommes actuellement en mesure d’établir. C’est à Montréal que nous nous sommes rencontrés, là où nous avons constaté notre volonté commune de travailler au déploiement d’un nouveau mouvement politique plus fidèle à notre propre expérience du monde. Pour ce faire, nous avons décidé de nous retrouver une fois par semaine, en invitant toutes les personnes intéressées par ce projet à se joindre à nous. Rapidement, nous avons alors ressenti le besoin de disposer d’un lieu, et c’est dans le local de l’Archie que nous nous retrouvons depuis, dans le but d’essayer d’assumer notre libre responsabilité d’être humain sur la base d’un dialogue authentique grâce auquel il soit possible de s’entendre. Et si cette entente n’est jamais absolument réalisable, jamais définitive, nous avons malgré tout réussi à nous entendre sur
Or c’est justement ce Monde, et ce n’est pas chose nouvelle, qui est de plus en plus menacé dans sa possibilité d’advenir dans ce petit coin d’Amérique du nord, au pied du géant États-unien, où se trouve un pays encore hanté par l’histoire et qui se refuse à l’oubli. Là où émergent encore des voix qui s’obstinent à parler alors même que tout cherche à les faire taire. La particularité du Québec, en effet, n’est pas tant son archaïsme que la subsistance d’un certain rapport à l’universel, ne fût-ce que parce qu’il ne s’est jamais concrétisé, trop vite englouti par un autre universel qui, pour sa part, récusait toute concrétude au nom de l’abstraction formelle de l’opérationnalité. Cette tentative d’être, inaccomplie, demeure là, larvée, dépourvue, dans une léthargie oppressante qui, pourtant, ne parvient pas à étouffer sa soif de possibles. Ici, des élites ont jadis pensé que l’émancipation passait par la construction d’une machine économique performante, escamotant par là le caractère politique de ce qu’aurait dû être la libération du peuple québécois. C’est aujourd’hui cette même machine, autonomisée et aliénante, qui devrait décider pour nous du sort du Québec. C’est sous son contrôle que nous devrions abdiquer, abandonner notre pouvoir de faire l’histoire, sous prétexte de devoir répondre au plus vite aux impératifs d’une compétition globale nous opposant aux autres peuples de
Avril 2007, Montréal, au local de l’Archie (514-2783690)
Ma liberté commence là où commence celle des autres.
Tout ce qui ne re-commence pas, disparaît...