L'été de Mot de Passe

votre soirée littéraire

Mot de passe

WHO ?

knows

QUAND ?

maintenant de façon évènementielle

ouvert à 20h et on commence une heure plus tard.

La contribution est volontaire.

(Mais n'oubliez pas: NOUS VOULONS VOTRE BIEN!!!)

Dieu, l'Humain et le Malin, sans ardeur ingrate,

Triumvirat et compagnie, de chaque strate,

Muse on veut faire sans mais le reste on y rate,

Nous t'invitons, viens donc ! Poésie scélérate.

le triumvirat
organisateur des soirées Mot de Passe

rodney noël raphaël de gaspard carl bessette

jeudi 7 juin 2007

TAKEOUT 3

Le takeout poésie #3 est sans conteste ce qui s'est fait de plus actuel à titre de vitrine sur la poésie contemporaine, plus principalement montréalaise. Il vaut son pesant d'or, et croyez m'en, ce n'est pas une métaphore. À titre de preuve, Cadillac Moon, probablement le meilleur poëme qu'il nous fut donner d'entendre ces dernières années, y est entouré d'une cour de tous âges, aux styles choisis et diversifiés, aux sens multiples, enfin bref, vous y verrez bien.


La poésie ne veut pas exactement laisser de traces ; elle vous force au bond : d'abord.


Vous ne vous attendiez pas à l'insaisissable: vous voilà servi. D'un temps à l'issue incertaine, qu'elle surgisse à gauche, elle est fructueuse, à droite, et c'est la sècheresse - à moins que ce ne soit l'inverse.


Avec elle le poëme comme poulain de pure sève, la poésie est chez elle, c'est-à-dire chez vous, et en fait un peu partout - ou bien précisément l'inverse.


Là, par exemple, prise au piège,

(et quoi de plus mal-à-droit qu'un poëme?) la poésie est à emporter: en éclats d'amour, de raisons, d'irraison, de rage (calmes sous leurs dents fauves); dans tout cela, je me suis quelque peu égaré. Ainsi, qu'est-ce ?


De la poésie, tout simplement.


Et c'est encor la meilleure manière que nous connaissions pour prévenir la fin du monde, vaincre la mort quotidienne et l'irrémédiable de la solitude.


Quelques extraits:


(SANS TITRE)

ARTÉMIDE



J’ai écrit hier soir pour ce soir

Pour vous dire que ce soir n’est pas n’importe lequel

Ce soir où les mots passent

Au Take out, à l’emportée

N’importe lesquels du moment qu’on y croit




J’ai écrit hier soir à la suite de tous les autres

Avec l’espoir pour maîtresse et des cauchemars d’allégresse




J’ai écrit hier soir en nous sentant déjà là

Au fond de ce terrier publique

À l’heure d’un monde privé de place

Où c’est à présent sous la terre qu’il fait clair

Sous la terre que nous parvenons à sentir le ciel




J’ai écrit hier soir de ma main pour le crier ce soir

Où nous serons peut-être trois ou quatre ou cent mémoires

L’air de rien, remplis d’air à souffler sur le fleuve

Pour qu’il retourne là d’où il vient

Et qu’avec lui la mer recouvre le futur du nouveau monde

Et ne laisse flotter que ce qui est venu au nom de ce qui vient

Pour enfin partager l’avec du monde nouveau




J’ai écrit hier soir

Sans autre histoire que celle qui me lie à hier et à demain

Pour vous dire ce soir : nous sommes bienvenus chez nous!




COMBIEN

RAPHAËL GASPARD

Égratigne moi encore le mot pas dit elle coule creux la fenêtre pluie détache du verre une goutte sur beaucoup d’envie petits morceaux boutons d’eau dans le parc.

Aujourd’hui deux épluche trois pigeons suspend quatre surprend encore le matin triture rêve qu’elle a fait un peu de radio hier nuit ne connaît rien musique n’est pas il parle du mouvement elle sait que personne regarde alors chuchote la noche comme le jazz musique du moment, et bien c’est elle qui la fait danser.

Mais tout ça n’est pas de la musique une fois la nuit l’oreille dans un bruit d’instruments une croûte de lumières la ville dit rien coupe en deux le soir.

Pianissimo désir avec grand orchestre pour plus jamais demi matin. Que l’hiver en carcasse ne s’arrête jamais et je pourrai venir te voir dans le parc cinq pigeons un peu trop s’allonge un café emporte du vent dans tes cheveux six chevaux débiles y tournent en rond que tu feras taire.

Place acouphène on revient tout mouillé d’une pause dans le silence tes bras coquillages sonores que sont tes seins reflux où le voyage s’arrête le sable aux plantations ta voie texture les alizés est un pays bave d’écume pulpe et miroir d’astres le jour.

Là-bas ce n’est plus si loin.

C’est tout.

Et il fait toujours froid.



PO_AIME #13

ELKAHNA TALBI


Dis- moi Temps

Pourquoi autant

De lenteur

Ça sent la boule à mites

Dans mon tiroir cœur.


Ton retour est-il un mythe

Pourquoi tant de détours.

Même si jadis tu m’as froissée.

Je veux te voir repasser par mon chevet

J’ai couvert de fer mes mains de velours

Je sais le proverbe dit le contraire

Mais j’ai l’orgueil un peu trop lourd.



Dis- moi Temps dois-je

Encore croire à ton mouvement?

L’heure peut être reculé,

Cela n’arrête pas la terre de tourner.

Dans un coin près de mon lit baldaquin

Le sol s’est couvert de poussières

Vestige de petit rêve… J’espère encore que

Les restes d’hier seront la sève de demain



Dis- moi Temps

Es-tu perdu dans l’océan?

Alors attends

Je viens à ta rescousse.

Une course pour sauver les derniers instants.

J’ai sorti le, temps des turbulences marine

Il avait de l’eau plein les narines

Dis- moi Temps

Tu n’es pas un charlatan,

Un vendeur d’espoirs usés.

Je t’en pris

Temps apprend-moi

La patience d’aimé, des mots déments, des mots d’amis, des mots d’amant, des mots d’amours.



Alors le temps me dit

Du tic au tac et de

L’eau en bouche



Voilà ma chère,

Je t’ai apporté un cadeau.

Rien de dispendieux ou d’odieux

Une petite pensée qui va te plaire

Avec ceci à l’avenir, tu ne laisseras plus le temps passé…


Donc, je pris le présent entre les mains du Temps, à souffle court,

et sous son emballage de délicatesse,

J’ai découvert que le temps m’avait offert, l’amour.



CADILLAC MOON (extraits)

ROBBERT FORTIN

(à la mémoire de Jean-Michel Basquiat)


Comprendre commence par la couleur Black

ce corps noir enduit de plumes et de goudron

fers ou coton que préfères-tu

as a result of inachevé

choisis quand même ta croix

la vie ne peut pas s’arrêter à périssable

déclare que tu es mort

que l’Afrique succède à Guernica


Kill lies all

tu pourras accomplir

ce que l’enfant a creusé

comme lumière sur tes paumes

rien ne t’oblige à l’ombre ou au péril

nothing to be gained here


à ta nuit ajoute cendres sur tes vêtements

fourrure d’hermine sur tes épaules

toutes les dix secondes trace sur ta toile

un large cercle noir la terre

bague de pastel gras

pétrie par le soleil


tes plus beaux gestes auront vécu

pour ce qui reste en nous d’humain


on croira qu’un hymne a traversé nos yeux


que peindre

comment faire émerger le feu

nommer la liberté

assassiner la peinture

à partir d’une grammaire d’esclave

et d’une couronne d’or dans une ruelle


SAMO c’est bruyant comme la mort

Gray comme le plomb sur White Street

ça tournoie sur le mur comme un crachat

contre le monde de l’art qui a perdu tout sens


SAMO c’est un tag fixe sans domicile

un blues qui sent le cuir et l’huile

un jazz métallique comme l’odeur de la coke

une alternative à Dieu au SAMe Old shit

un poing tam-tam dans un halo de lait


[…]


show us ce regard qui ne supporte pas

le pollen de la lumière

devant une porte de réfrigérateur


show us Dizzy Miles

et la plaie secrète de la musique


show us Ali Sugar Ray

les coups ça oblige à serer les dents

devant quelque chose qui tombe


show us Joe Louis entouré de serpents

Aaron comme icône d’une jeunesse

à court d’arguments


coupe-toi la langue et peins

l’arc-en-ciel dans des désordres d’enfance


[…]


show us black

no matter how you say it

no matter how you write it

black is a poet on cloud nine

mais nous ne survivrons pas à la cure


show us black

no matter how you paint it

copyright est un tableau créole

vivant comme a Dark Race Horse

dans la beauté de la nuit


[...]