RAPHAËL GASPARD, dit l'humain, signe ceci :
Cette missive tente de répondre à la rétrospective de la première saison de slam faite lors d’un courriel envoyé à une liste de cinq cent nom dont je fait parti.
Trop de fois entendu lors d'une soirée slam que la poésie était la vraie gagnante, alors qu'il n'y avait pas eu de poésie mais bien des textes en prose qui, récités avec force et rythme, était la clé du spectacle. Lors d'une joute de slam, un texte qui ne contient aucune valeur littéraire sera fort apprécié s'il est performé de manière remarquable et se méritera peut-être la première place. Poésie ? Je ne sais pas. Il est vrai qu'une poésie vivante en est une qui sorte du texte écrit, pourtant la poésie n'a pas besoin du spectacle pour s'identifier. Définir la poésie par la performance, c'est contribuer à une culture du spectacle qui se désintéresse d'un public constitué d'individus pour une masse anonyme qui consomme le divertissement religieusement.
Que la poésie n'ait plus public sur place, d'accord. Qu'un slam soit une des manifestations de la poésie, aussi d'accord. Mais de là à clamer que le slam est LA solution, il y a une marge. Comme l'écrit dans son courriel M. Ivy, fondateur de la ligue québécoise de slam, le slameur serait un missionnaire prêchant la bonne parole à un public païen… il est permis de s'esclaffer ici.
Aussi, j'aimerai que les organisateurs des soirées de slam définissent ce qu'ils entendent par soirée traditionnelle de poésie. Paraît-il qu'il s'agit de cercles clos pour amateurs de genre, où les poètes scandent la poésie à qui veut l'entendre dans la nef de belles chapelles. (tel quel dans le texte).
La poésie s'exprime par une liberté de forme et tente d'amener plus en avant le travail du langage, des images et des mots et ne se limite pas à l'exploration d'une oralité. Là ou l'œil se pose il y a matière poétique, et il est nécessaire que plusieurs manières de mettre en forme la poésie cœxiste, tout comme les différentes soirées. Mais lorsqu'on affirme avoir trouvé, par le slam, la seule façon viable à cette époque de faire de poésie, il y a fermeture.
Voilà ce qui me m’embarrasse avec les soirées de slam, on dit y faire de la poésie mais est-ce que la poésie se résume à une oralité primaire ? Si les soirées de poésie traditionnelle mettent de l'avant l'individu, le slam lui fait quoi ? Le texte est support à performance et représente le tiers des éléments évalués lors d'une compétition, la présence sur scène étant la qualité première requise. Entendons-nous, la scène slam à Montréal a pour but de reproduire un concept de soirée qui amène, il est vrai, beaucoup de gens. Pourquoi cette foule ? divertissement ? surtout pour passer une bonne soirée, par curiosité et parce qu'on en parle, rarement pour la poésie car il n'y en a que trop peu aux soirées de slam, un balbutiement propre aux soirées de poésie traditionnelles, vous savez celles ou personne ne va.
J'assiste souvent aux joutes de slam, mais rare ont été les moments ou j'ai sentie la volonté d'explorer la poésie. Pourtant, j'ai assisté à une soirée de poésie qui dure depuis plus d'un an et qui dresse un panorama de la poésie actuelle à Montréal car on y explore plusieurs manières de mettre en forme la poésie (on y fait aussi du slam, oui oui). Lors de cette soirée j'ai entendu des inédits de poètes ayant déjà publié (et beaucoup pour certain) comme des textes qui n'avait jamais sortie de leurs feuilles, bref une diversités comme j'en ai rarement entendus.
Quel est l'impact réel du slam sur la poésie ? Que reste-il (de nos amours) lorsque le spectacle s'arrête ? Opposer le slam à une poésie traditionnelle, c'est dire que le slam est une poésie nouveau genre, je me trompe ?
Voilà, je me suis exprimé avec la plus grande sincérité, sans biffer certaines phrases qui pourraient déranger ou paraître irréfléchies (certaines le sont, il est vrai). Je termine en rajoutant que cette rétrospective de l’organisateur des compétitions de slam à Montréal est tressée d’absurdité et que le slam, au Québec, vit poétiquement au dessus de ses moyens, du moins pour l'instant.
Que vive toujours la poésie sous toutes ses formes et j'espère qu'un dialogue sera possible, un vrai, et non une dispute de clochers où l'ego parle plus fort que le vent.
Montréal, mercredi le 26 septembre 2007.
RAPHAËL GASPARD
1 commentaire:
L'envie tatillonne de répondre vient peut-être que la calomnie et l'usurpation des prétendues vérités littéraires appelant à un dialogue ou tout est joué d'avance me tape un peu sur le système. Car l'égotisme dont il est question rejaillit bêtement à chacune des lignes de cette réponse qui n'en est pas, puisque je n'ai pas posé de question. Tu veux un dialogue ? Commence par faire tomber tes ornières et ton nombrilisme universitaire pour voir ce qui se fait vraiment et quelles sont les intentions qui animent les bâtisseurs et les véritables leviers de la culture poétique. Le slam vit poétiquement au-dessus de ses moyens... c'est tellement remâché et emprunté comme expression qu'on ne peut que caqueter de rire.
Je n'ai jamais eu l'intention de me lancer des guéguerres stupides. mon seul intérêt et que des gens prennent conscience du pouvoir de l'art, ici de la poésie, et qu'il l'utilise pour se sauver eux-même. je suis à cent lieues de vouloir redéfinir la poésie. Quand je dis que les soirées traditionnelles prêchent à des convertis et que les slameurs sont des missionnaires qui prêchent à des païens, c'était une image... tu sais, ce genre de métaphore destinée à renforcir le sens. Que la poésie, qu'une amorce de ce qu'Est le poétique traverse la barrière du cercle me semble plutôt une bonne chose et il faut être vraiment buté pour ne pas apprécié ce phénomène.
Tu ne m'as jamais personnellement adressé cette missive et tu l'as mise sur ton site : la malhonnêté intellectuelle t'étoufferait si tu avais seulement de quoi nourrir ce qu'un intellectuel appelle : de l'esprit, une vision, et surtout une générosité dont tu es malheureusement incapable.
Tant mieux si le slam ne te dit rien. Il change bien des choses pour d'autres et le mépris que tu manifestes à leur endroit en dit long de la hauteur où tu jauges le monde M. DE gaspard.
Il y aura dialogue quand j'aurai devant moi quelqu'un à qui parler.
Ivy
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