« Give peace a chance » dixit un policier sortant de l'Archie... ironie quand tu nous tiens...
Hier soir, 23 février, eut lieu une soirée Mot de Passe historique, qu’elle soit la dernière ou la première d’une ère nouvelle, le destin l’a particularisée. En effet, pour vous confirmer les rumeurs qui circulent déjà allègrement, le local de l’Archie eut bel et bien droit à la visite d’une armée de matraques venant y exécuter quelques devoirs incompris.
Rappel des faits :
Vendredi, 22 février de la deuxième année d’existence de l’Archie.
À nouveau, la démonstration fut faite que les ordres exécutés rendent les voies de la loi impénétrables, combien plus que celles de Dieu.
Vers 22h donc, une dizaine de voitures de police se sont garées devant le local.
Y’en avait de la track de chemin de fer jusqu’à Van Horne. Une vingtaine de policiers, une dizaine d’inspecteurs (et de jolies -trices) de l’escouade de la moralité publique (ça ne s’invente pas !) et quatre agents undercover (eh oui ! comme dans les films !). Un moment, il y eut plus de force de l’ordre que de force du nous.
Une mésentente et certains points de litiges qui seront réglés d’ici mercredi prochain ont provoqué cette descente des descentes. Revenez donc au cours des prochains jours connaître les plus récents développements quant à ce monde dans le monde où vous étiez chez vous.
Tout ceci dit, l’Archie, quoi qu’il lui arrive, vivra certainement à jamais, dans son souvenir implacable, et le Triumvirat y organisant les soirées poésies, nous nous sommes sentis naturellement porte-étendards et hérauts d’une trace qui se pouvait laisser. C’est dans ce sens que nous lançons ici même un appel de textes pour un numéro hors-série du TakeOut poésie, spécial Archie.
C’est-à-dire que nous y réunirons tous les textes inspirés par l’Archie-même, que nous avons déjà en main au nombre de la dizaine, et que nous espérons encore grossis.
Envoyez donc vos textes à editionsarchipelliers@gmail.com,
Avec pour sujet : Takeout Archie.
Merci déjà, et pour laisser une bonne idée, voici quelques textes de ceux susmentionnés.
SANS TITRE
ELISE TONGSANG
Alors c’est un soir incertain, tu prends cette rue obscure qui finit en cul-de-sac, sur une voie ferrée – Il y a là un bâtiment industriel, tu entres, c’est au sous-sol que ça se passe, tu sais pas trop mais tu descends, tu sais pas où
et là tu entres dans l’antre des concupiscences
Il y a là un grand comptoir, sur lequel déjà tu poses ton coude comme d’autres qui n’ont pas l’air si louches, même qu’ils te ressemblent, échoués là, naufrageurs du destin, du désir plein les mains, du sourire plein la bouche
Alors tu poses ton trop-plein dans ton grand vide
Il y a là une scène et les mots défilent en guitares, en trompettes, en triangles. T’y verras des filles en guenilles, des tours de magie, des enfants petits et grands qui s’y déploient dans un instant impérissable
Tu peux y boire, y manger, y fumer jusqu’au bout des mots que tu inscris dans les toilettes sur le mur du monde où tu deviens ton propre commencement
Alors tu t’enivres d’absolu
Et tu poétise ta folie
Tu parcours les chemins de l’être et tu transcendes la simplicité de t’offrir, et Allez maintenant tu danses et tu lèves ton verre au doux baiser de la liberté que t’offre ta singularité
Tu sais la fragilité
Tu sais la fragilité
Tu sais ta fragilité
Prends la beauté et baises-là avec tendresse et bestialité
Tu es au local de l’Archie.
SANS TITRE
ARTÉMIDE
J’ai écrit hier soir pour ce soir
Pour vous dire que ce soir n’est pas n’importe lequel
Ce soir où les mots passent
Au Take out, à l’emportée
N’importe lesquels du moment qu’on y croit
J’ai écrit hier soir à la suite de tous les autres
Avec l’espoir pour maîtresse et des cauchemars d’allégresse
J’ai écrit hier soir en nous sentant déjà là
Au fond de ce terrier public
À l’heure d’un monde privé de place
Où c’est à présent sous la terre qu’il fait clair
Sous la terre que nous parvenons à senti le ciel
J’ai écrit hier soir de ma main pour le crier ce soir
Où nous serons peut-être trois ou quatre ou cent mémoires
L’air de rien, rempli d’air à souffler sur le fleuve
Pour qu’il retourne là d’où il vient
Et qu’avec lui la mer recouvre le futur du nouveau monde
Et ne laisse flotter que ce qui est venu au nom de ce qui vient
Pour enfin partager l’avenir du monde nouveau
J’ai écrit hier soir
Sans autre histoire que celle qui me lie à hier et à demain
Pour vous dire que ce soir : nous sommes bienvenus chez nous !
À MONSIEUR MONSIEUR LE MAIRE
SÉBASTIEN BOULANGER-GAGNON
23 février 2008
À qui de droit,
Le SPVM Monsieur Tremblay, OK je m’explique, je vais commencer par la fin puisqu’on nous l’a imposée au début. D’un coup de vent dans la porte d’entrée vitrée, d’un arrière goût, coup dans le dos, une gorgée avalée de travers comme un manque de tact entre deux respirations, une effluve d’alcool illégal aux narines bien à l’affût de ce qui ne ferait pas leur affaire, leur bizness Monsieur. Alors voilà : ces flics nous ont fait chier, je l’ai dit maintenant je m’explique. On nous a rentré de force au souper 15 agents de police dont 4 agent trouble… 15 pions par décision qui n’est pas la leur, et 4 espions, 19 et plus plus tard dont une majorité que vous qualifieriez de bornés sur une chaussée trop petite pour ce pourcentage précis de policiers bons qu’à faire la circulation. A-t-on besoin de brigadiers Monsieur le maire? Nous naviguons à travers vos bornes Monsieur. Nous ne nous pilons pas sur les pieds ici, nous nous arrêtons nous-mêmes mais juste quand c’est assez et que nous n’avons plus soif. C’est suffisant Monsieur le Maire, au fait, tassez vous un peu, j’aimerais parler pour qu’ils m’entendent aux gens qui sont au-dessus de vous - vous écrase-t-on Monsieur le Maire, Monsieur de l’arrondissement ??? non, pas nous, je sais, pas nous… le «on» dans ma phrase exclue la personne qui parle, dans le langage de l’argentourage. Monsieur, en anglais : dear Mister the Mayor we exclude the person who’s speaking words - oh you don’t want that I’m sure. Juste assez fort pour qu’ils m’entendent par-dessus votre épaule Monsieur le maire… Monsieur le maire ce n’est pas moi qui parle, non, pas juste moi, c’est nous qui signerons en bas… nous n’aurions même pas besoin Monsieur le Ministre, Monsieur le Président, Monsieur le Décideur, Monsieur le juge, avocat de l’offense, article 8.4.2.B voilà car nous avons déjà parlé, grandi, gradué, évolué, partagé, communié, vécu, repartit avec nos mots à deux sens, l’autre et le nôtre.
Alors Monsieur le Gars-égale-à-nous, nous avons engendré action participative pas trop pensive ni monosyllabique - mais juste assez archie-tecte du futur à créer, à repenser - vous entendez ce discours plusieurs fois en même temps si vous parlez plusieurs langues, j’en suis certain, au moins en autant de langues qui ont résonnées ici. Saurez vous nous guider sans que nous ayons le luxe d’acheter un avocat assez fou pour défendre ce que vos hommes en bleu appellent le marché des légumes lorsqu’ils sortent fier de leur descente et remonte les marches en riant des hippies et en chantant Give Peace a Chance par moquerie?
Auriez-vous la bienséance de fermer les yeux sur une possible bévue? Et, sans retravailler la justice prudente, reconsidérer un lieu commun où nous aurions voulu vous inviter si ce n’aurait été du fait que, trop populaire, ont puisse voir les flics banalisés payer pour une bière pour ensuite nous prendre la main dans le sac?
Clairement Messieurs influençants 1001 décideurs alors que trop d’entre eux ne ferment les yeux sur ce genre de chose que lorsqu’ils se trouvent dans une cave à pot-de-vin sans que les secrets ne percent la pierre… Alors que nous faisons nos rapports d’impôts, que nous subsistons sans aucune subvention, que je et - c’est la même chose - nous, ne demandons rien, que je sais le coût de quatre murs et d’un plafond, que c’est tout ce que nous voulons, Monsieur le Monsieur, car le sol que nous foulons tous, lui, existe déjà pour nous tous, vous inclus, Monsieur. Nous le foulons tous.
Trop de places ne sont pas la nôtre, nous qui revendiquons un autre possible. Avons vu, voté, participé, engagé, à des spectacles qui deviennent un spectacle pour des yeux vides avides éclaboussés entre le quotidien, amusés.
Avons créé ici par notre présence, notre vivacité, notre envie, notre goût de parler pour ne pas rien dire et avons trouvé ce que nous créons, tous pendant une soirée mile-endienne d’un je me souviendrai d’un je me souviens sur un bout de bois qui n’était avant nous qu’un arbre sur une terre même pas défrichée.
Un permis d’alcool Monsieur? Si c’est ça se sera ensuite un permis de spectacles, un permis de piste de danse, un permis de parler, un permis d’écouter, un permis pour entrer un permis pour les toilettes, un permis pour les gicleurs, un permis pour la bouffe, un permis de réunion, un permis de vivre. Un permis de quitter? NON NOUS N’EN VOULONS PAS DE VOS PERMIS. Nous ne sommes pas un concurrent à vos bars de la métropole. Ces bars où la musique y est si forte que nous devons faire semblant de comprendre ce que nous nous disons pour ne pas nous répéter sans cesse. Ici plusieurs personnes parlent à plusieurs personnes et un à la fois. Et ce qui est créé, lu, essayé, lancé en l’air sert bien à quelque chose, le soir de son dévoilement comme plus tard.
Ce lieu autonome, si un jour, est forcé d’être quitté sur la base d’exponentielles lois sera tellement vide après ce qui s’y est passé qu’il se repliera un peu sur lui-même. Nous ne voulons pas ça, Monsieur. Car ce lieu n’est pas qu’un lieu physique mais un lieu de la pensée, du partage, de la poésie et parfois même de bévues qui sont et devraient être tolérables. Comme nous tolérons des textes médiocres ou mâchouillés. Comme nous laissons la chance de fouler la scène libre d’un micro ouvert, Monsieur.
Alors nous aimerions, Archipelliers, fondateurs et voyageurs de l’Archie, signataires de cette lettre s’y retrouvant dans le je, vous demander ;
1. de reconsidérer la fermeture possible de ce lieu ;
2. de nous fournir un lieu de remplacement le couperet tombe ;
Et nous aimerions aussi vous rappeler sans gêne …
...avant qu’ON exclue la personne qui parle, que NOUS inclue la personne qui écoute.
***
C’était là quelques textes choisis pour laisser entendre le ton,
Envoyez vos textes, inspirés. Naturellement.
editionsarchipelliers@gmail.com
l'appel de texte pour le TakeOut poésie spécial Archie est lancé.
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